L'euphorie, c'est fini !

Les entreprises ont continué d'emprunter pour investir cette année. Mais le ralentissement se fait déjà sentir. Simple retour au niveau d'avant-Covid, selon les experts.

Le7.info

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Les chiffres du financement des entreprises publiés en octobre dernier par la Fédération bancaire française ont de quoi surprendre. Succinctement, on y découvre que les crédits bancaires aux sociétés non financières ont progressé de 4,4% sur un an en juin. Dans cette période, l’investissement et principalement les crédits à l'équipement (+8%) ont porté cette croissance des emprunts. Mais gare aux mauvaises interprétations ! « On constate un ralentissement de l'activité, qui n'a rien de catastrophique puisqu'on revient au niveau d'avant-Covid, mais nous vivons clairement la fin de la période de forte reprise de 2021 et 2022 », analyse Serge Granier, directeur des marchés entreprises et institutionnels du Crédit agricole Touraine-Poitou. Comme si nous étions dans la queue de la comète en quelque sorte.

La Banque de France a évalué le taux de croissance des crédits à +3,6% en août et +3% en septembre. Preuve que les dirigeants d'entreprise osent moins lancer de nouveaux projets, voire les décalent à plus tard. Et ce n'est pas une surprise. « Les taux d'intérêt ont fortement augmenté, tout comme le coût des énergies, tandis que les aides de l'Etat disparaissent peu à peu, tout cela rend le contexte anxiogène, reprend Serge Granier. Des clignotants s'allument sur des entreprises qui risquent de rencontrer des difficultés. Nous sommes davantage dans un processus d'accompagnement de nos clients que de développement. »

Moins de créations d'entreprises

Dans la Vienne, plus de la moitié (51%) du capital débloqué pour financer les Prêts garantis par l'Etat (PGE) a été remboursée par les entreprises (45% au plan national). Reste à savoir si 2024 sera assez favorable pour continuer à ce rythme. En Nouvelle-Aquitaine, au cours du troisième trimestre, le nombre d'entreprises ayant fait l'objet d'une ouverture de procédure collective a progressé de 23,8%, ce qui place la région dans la moyenne nationale, mais n'en demeure pas moins une mauvaise nouvelle. « On retrouve les chiffres de 2019, avant le Covid et les mesures de protection mises en place par l'Etat », nuance Laurent Morillon. Le président de la CPME 86 s'inquiète davantage du recul des nouvelles immatriculations. Le volume des créations d'entreprises a baissé de 2,5% en France. « C'était plutôt notre point fort, reprend l'intéressé. La morosité ambiante, l'inflation et la hausse brutale des taux d'intérêt bloquent des projets, les créateurs hésitent à se lancer. »

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