Romain Mudrak

Le7.info

Quatre ministres du gouvernement viennent de co-signer une instruction ferme destinée à tous les préfets de France rendant la « clause Molière » illégale. Pour Myriam El Khomri (Travail), Michel Sapin (Economie), Mathias Fekl (Intérieur) et Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire), cette disposition est "discriminatoire" à l'égard des autres salariés des Etats membres de l’Union européenne.

Plusieurs collectivités (Mairies, Départements, Régions…) ont intégré l’usage du français obligatoire dans l’exécution de marchés publics (surtout dans le secteur du bâtiment). Leurs objectifs ? Mieux faire respecter les consignes de sécurité sur les chantiers, mais aussi et surtout limiter le recours à des travailleurs détachés originaires de pays de l’Union, dans lesquels les cotisations sociales sont plus basses.

Co-rapporteur du texte sur la révision de la directive sur les travailleurs détachés, l’eurodéputée Elisabeth Morin-Chartier s’est réjouie de cette décision interminstérielle qui « vient sonner le glas de cette plaisanterie n’ayant que trop duré ». Elle ajoute : « Largement utilisée par la candidate du Front national pendant l’entre-deux-tours, cette ineptie dangereuse a été imaginée par des adeptes de la xénophobie, faisant preuve d’une démagogie sans limite pour duper les élus locaux. La fin de la récré est sifflée ! » A plusieurs reprises, la députée européenne représentant la région ouest de la France, a alerté sur « le risque de réciprocité » de cette disposition dans les autres pays de l’Union, alors que 300 000 travailleurs français en bénéficient également à l’étranger.

Interrogé par la Charente Libre, l’adjoint au maire d’Angoulême, Vincent You, premier à avoir mis en place cette « clause Molière », évoque un "mépris pour les ouvriers" : "Cette instruction, c'est la victoire temporaire des groupes Vinci et Bouygues sur le dos des ouvriers et des PME. Le match n'est pas fini."

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