Découvrez le troisième châpitre du "Retour de Bidirond", la nouvelle autour du carnaval subaquatique organisé par Poitiers Jeunes.

Florie Doublet

Le7.info

Chapitre III. Où la ville a changé en restant toujours la même.

Mon monde a bien changé. Quand je l’ai quitté, les gens commençaient à peine à construire des embarcations pour naviguer d’un bâtiment à un autre. Maintenant, ils vivent tous loin sous la surface, dans des engins élaborés. Pendant que nous nous dirigeons vers la mairie, nous croisons un nombre incroyable de submersibles plus ou moins grands, mobiles ou non, tous fabriqués avec des morceaux de notre vie d’avant. J’admire l’exploit réalisé par notre communauté en écoutant Jacko me raconter tout ce que j’ai loupé pendant mon absence.

- Alors c’est toi qui es à l’origine de cette nouvelle ère aquatique ? » Les yeux rivés sur sa trajectoire, il sourit de toutes ses dents.
- Oui. Un jour, j’ai senti qu’il fallait passer à autre chose, à une autre façon de vivre, vous voyez ? Les eaux qui montaient sans cesse, les explorateurs qui revenaient sans réponse…enfin, tous sauf vous, bien sûr. Mais…comment dire…
Parler n’a jamais été son fort. Je décide donc de l’aider un peu.
- Il était temps de faire le deuil du passé ? Lâchant du regard la vitre du poste de pilotage, il acquiesce sombrement.
- Ce qui allait nous faire disparaitre c’était le manque d’espoir. Il fallait réagir. Je me suis isolé pendant trois jours et j’ai créé cet engin. Après ça, tout le monde a fait de même. Et nous nous sommes adaptés. Un journaliste de la gazette a célébré cette nouvelle étape de notre existence en l’appelant l’ère aquatique. Et c’est resté. - Et ça sonne très bien, je trouve.
- Mais plus pour longtemps ! Maintenant que vous êtes de retour avec de bonnes nouvelles, nous allons aborder une ère inédite ! Nous arrivons en vue d’une imposante bâtisse qui n’est pas sans me rappeler notre ancienne mairie. Aux alentours, des moyens de transports aux formes variées se déplacent silencieusement et je suis fasciné par l’activité qui règne au fond de l’eau.
- Nous y sommes, professeur.

Approchant le sous-marin d’un large sas positionné sur un mur de la mairie, Jacko appuie sur un bouton de la console de commande. Un tube se déplie alors lentement de notre sous-marin pour se connecter au sas de la mairie. Comme c’est ingénieux ! Et moi qui craignais devoir encore nager ! Je devine à la fierté que je peux lire sur le visage de jack que je viens, encore une fois, de découvrir une de ses fabuleuses inventions. Il me fait signe de me diriger vers le sas, mais au moment de le franchir, j’hésite. Mes concitoyens se sont construits une toute nouvelle vie. Vont-ils être enchantés de devoir y renoncer ? Comment vont-ils accueillir mon retour et les nouvelles que j’apporte ? Mon compagnon me sourit et me fait signe de le suivre.

Prenant une grande inspiration et relevant le menton bien haut, je décide de mettre mes doutes de côté. Bien sûr qu’ils vont être ravis d’avoir un moyen de retrouver leur ville telle qu’elle était avant le grand déluge et la montée des eaux ! Nous arrivons dans un couloir grouillant d’activité. Partout des gens s’affairent sans nous prêter la moindre attention. Qu’il est bon de retrouver un environnement familier ! Jacko nous dirige vers l’accueil tenu, comme à l’accoutumée, par Mademoiselle Dolly. Ce simple détail est la preuve tangible que la vie ici est parvenue à sauvegarder quelques constantes. Une bouffée d’euphorie envahit ma poitrine.

- Mademoiselle Dolly ! Je suis ravi de vous revoir ! Comment allez-vous ? Vous n’avez pas changé ! Relevant le nez d’un document qu’elle était en train de lire, elle me lance un regard suspicieux.
- Je vous demande pardon ?
- C’est moi, Hippolyte ! Je suis de retour !
- Bien sûr Monsieur Bidirond, je vois bien qui vous êtes. Mais vous étiez partis ?

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