Laurent Berger : « Les contre-vérités nourrissent le FN »

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger était de passage à Poitiers, ce mardi, pour fêter les cinquante ans de la section régionale, avec huit cents de ses adhérents. A quelques semaines des élections professionnelles dans la fonction publique, il ne mâche pas ses mots.

Arnault Varanne

Le7.info

Les réformes
«La France est un pays difficilement réformable, certes. Mais je ne crois pas que ce soit impossible. Notre pays ne sait pas mettre sur la table les enjeux qui sont les siens. Il y a une espèce de déni de la réalité extrêmement préjudiciable et un jeu des acteurs terrible. Chacun est dans la politique de l’excuse, de l’esquive, pas dans l’action. La dernière étant l’ISF... (Ndlr : le patron du Medef a appellé à le supprimer) Les contre-vérités, les non-dits nourrissent le Front national.»

La situation dans la fonction publique
« Nos adhérents nous disent qu’ils pourraient discuter de l’organisation du travail, sauf qu’il n’y a pas d’espace pour le faire ! On subit une logique purement comptable de l’action publique. C’est l’un des enjeux des élections professionnelles à venir dans le secteur. »

La (future) loi Macron
« Cette loi porte sur l’économie, mais elle intégrera des éléments sociaux. Je m’inquiète, car la question du travail, c’est au ministre concerné de la traiter. Le social, ce n’est pas un sous-produit de l’économique. En France, on a une approche ultra-économique, pas assez humaine. Cela nous emmène dans le mur. »

Les enjeux d’avenir
« Aujourd’hui, il faut faire en sorte de maintenir une protection sociale de haut niveau. Chacun dit qu’elle coûte trop cher. Mais imaginez si, depuis 2008, nous n’avions pas bénéficiés de cette protection sociale...Nous serions dans un pays soit à feu et à sang, soit dans une grande pauvreté. Ceux qui demandent des efforts ne sont pas ceux qui vont les faire. Beaucoup de gens ont des situations confortables et expliquent qu’il ne faut pas augmenter les minima sociaux. Il faut arrêter d'être dans des postures et discuter sans tabou. »

Le pacte de responsabilité
« À part dans deux branches, le patronat ne veut pas s’engager, en disant qu’il y a la pénibilité à gérer. On a un problème d’engagement des acteurs. Rien n’est simple… »

La CFDT
« Huit cents militants d’une même région, réunis en un seul lieu, c’est une performance dans le contexte de défiance généralisée. La CFDT se porte bien et a des militants motivés. Avec les autres organisations syndicales, nous avons des contacts. Maintenant, tout le monde n’a pas la cohésion interne qui est la nôtre. Ce n’est pas perfide de le dire… La CFDT n’est ni un problème, ni une voie de passage obligée quand il y a une réforme. »

 

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