Une visite millimétrée

Rien ne vaut quelques images positives pour disperser tout malentendu avec les enseignants. Nicolas Sarkozy est venu sur la Technopole du Futuroscope pour voir ce qui fonctionne bien dans l’Education nationale. Rien d’autre.

Romain Mudrak

Le7.info

La visite du président de la République débute, à 10h30, par le Centre national de documentation pédagogique (CNDP). Le cortège constitué de trois ministres(*), de la Rectrice Martine Daoust et du sénateur Jean-Pierre Raffarin passe en revue les outils pédagogiques innovants créés par ce centre pour aider les enseignants dans leurs pratiques quotidiennes. Les kakemonos promotionnels et la sonorisation installés, la veille jusqu’à 23h, dans le hall d’accueil ne servent à rien. Le Président n’a pas le temps. Tant pis.

La délégation ne s’attarde pas sur les ateliers préparés par l’équipe du CNDP. Les robots élaborés par les élèves du lycée pilote innovant du Futuroscope semblent davantage attirer l’attention du Président. Mais le point d’orgue de cette visite présidentielle reste sans doute la lecture publique, par deux élèves de primaire, du célèbre conte de Perrault : « Le Petit poucet ». Grimace du président… « Quand mon copain du Canard enchaîné apprendra que des enfants ont lu le Petit Poucet au petit président, il va rigoler », plaisante à voix basse l’un des nombreux journalistes présents. Originaires de Leigne-sur-Fontaine, Arthur et Eugénie, 9 ans tous les deux, n’expriment aucun bafouille. « C’était stressant, mais je n’ai pas eu besoin de m’entraîner car on lit beaucoup à la maison », confie la jeune fille après le démarre du groupe.


Une trentaine de syndiqués à la gare
Deuxième étape, direction l’Ecole supérieure de l’Education nationale (Esen) pour rencontrer des chefs d’établissement et inspecteurs pédagogiques en formation. La réunion se déroule à huis clos. Out les journalistes. De leur côté, les photographes doivent laisser la place au bout de deux minutes. Ils ne retrouveront Nicolas Sarkozy que vers 12h10, au Palais des congrès, pour la cérémonie des vœux au monde de l’éducation.

Pendant ce temps, une trentaine d’enseignants syndiqués de l’académie se sont donné rendez-vous, à cinq cents mètres de là, dans le hall de la gare du Futuroscope. Pas pour manifester, mais pour lire une « lettre ouverte au président de la République ». Une « liste de vœux » souhaités « ardemment » par le monde de l’Education qui se termine ainsi : « Nous vous demandons que la nation se dote réellement d’un budget à la hauteur de l’ambition éducative nécessaire au pays et d’arrêter immédiatement les suppressions de postes. » Avant de conclure : « Bonne année quand même. »

(*) Luc Châtel, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et Jeannette Bougrab, secrétaire d’État, chargée de la Jeunesse et de la Vie associative.

 

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Un devoir d’obéissance
Les cadres de l’Education nationale présents aux vœux de Nicolas Sarkozy étaient-ils tous volontaires ? La question est soulevée par les syndicats réunis à quelques centaines de mètres du lieu de la cérémonie. Le Rectorat aurait envoyé un courriel aux personnels d’encadrement, et notamment aux chefs d’établissement, rappelant les « obligations » liées à leur fonction. Parmi elles, « l’obéissance » : « La présence aux vœux du président est obligatoire, quoique vous pensiez (et vous gardez l’absolue liberté de penser ce que vous voulez) », indique le courrier électronique présenté par les syndicalistes. Avant de conclure : « On ne vous demande pas, en tant que citoyens, de participer à un meeting, mais en tant que fonctionnaires de recevoir les vœux du président de la République élu par la nation. »

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