Vitalis sous pression

La situation reste tendue à Vitalis. La régie des transports poitevins est confrontée depuis plusieurs mois à un fort absentéisme qui désorganise les courses. Ou plus exactement désorganisait. La direction a décidé de revoir à la baisse ses dessertes jusqu’à l’été.

Claire Brugier

Le7.info

Le port du masque n’est plus obligatoire dans les transports en commun depuis lundi. Sur le terrain, les conducteurs de bus de Vitalis ne sont donc plus contraints de faire des rappels aux usagers, au risque de susciter des réactions disproportionnées. Huit agressions entre septembre et décembre 2021, deux de janvier à avril, sans compter les incivilités liées à cette raison ou à d’autres, les chauffeurs essuient au quotidien le mécontentement de leurs passagers. Pour renforcer la sécurité sur le réseau de transport poitevin, un plan en dix-huit actions (334 000€) a été lancé en mars, déjà réalisé à 84% selon le directeur Cédric Faivre.

« Toutefois, ces mesures ne semblent pas satisfaisantes », arguent la CGT et FO. Surtout, elles ne résolvent pas l’absentéisme des personnels roulants, principale cause de dysfonctionnements sur le réseau. Les raisons pointées sont diverses : 
Covid, incidents… « Absence de communication interne due au management », complètent les syndicats. Prudent, Frankie Angebault tente une réponse à ce dernier argument. « Il y a eu beaucoup de changements au sein de l’entreprise pour mettre en place une organisation plus rigoureuse que celle que certains conducteurs ont pu connaître, avance le président de Vitalis et vice-président aux Mobilités de Grand Poitiers. Je continue à travailler avec la direction pour voir si un assouplissement est possible. » Plus d’implication des élus, c’est ce que réclament globalement les Usagers des transports impliqués et locaux (Util), notamment « pour valoriser le bus, souligne Jean-Michel Gautherie, car c’est aussi ce qui rend le recrutement difficile ».

Une offre réduite mais fiable

Quelles qu’en soient les causes, le constat est imparable. 
« Il manque une trentaine de conducteurs (ndlr, 240 actuellement), confirme Cédric Faivre. Le recrutement est en cours et nous l’avons ouvert à des personnes détentrices du permis B dont nous finançons le permis D. »

En attendant, les bus ne passent pas, 5% seraient supprimés quotidiennement. « Ces derniers temps, vous allez à un arrêt et vous n’êtes jamais sûr d’avoir un bus », regrette une habitante du « vieux Saint-Eloi », une usagère parmi les plus de 50 000 qui empruntent le réseaux Vitalis chaque jour. Le côté aléatoire des suppressions irrite. « C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en place une offre spéciale jusqu’à l’été, a annoncé en fin de semaine dernière Cédric Faivre. Certains trajets seront totalement supprimés sur les lignes 1, 1 express, 2, 3, 10 à 17 et 21 afin de proposer une offre réduite (-10%) mais fiable. »

Concrètement, jusqu’à la mise en place des horaires d’été le 
8 juillet, des étiquettes jaunes récapitulant les nouveaux horaires vont se substituer aux originales aux arrêts de bus. Hormis pour certaines lignes scolaires, aucun geste commercial n’est envisagé par rapport à la grille tarifaire. Revue l’an dernier, cette dernière fait aussi l’objet de griefs. « L’an dernier, je payais mon abonnement 199€, cette année il est passé à 400€ ! », lâche la septuagénaire de Saint-Eloi déjà citée. L’explication fuse. « C’est un choix politique, assume Frankie Angebault. Le tarif seniors a disparu. L’an dernier, nous avons étendu la tarification solidaire en fonction des ressources et non de l’âge car cela nous paraît plus juste. »

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