Ci-après la lettre adressée par les cinq personnalités poitevines à François Hollande, au sujet de la situation en Syrie.

Arnault Varanne

Le7.info

à l’attention de Monsieur François Hollande
Le 10 septembre 2013                  
                                                    Président de la République Française

Monsieur le Président,
Nous tenons tout d’abord à vous exprimer notre plus vive reconnaissance pour le geste historique que vous avez fait vivre au monde entier, en vous rendant le 4 septembre dernier à Oradour-sur-Glane  en compagnie de votre homologue allemand Joachim Gauck. Sur un panneau situé à l’entrée de ce village martyr de la seconde guerre mondiale se trouve inscrit « N’oublie jamais ». Oui, n’oublions jamais, comme a pu le dire le pape François lors de la veillée organisée le 7 septembre pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde que « la violence, la guerre apportent seulement la mort, parlent de mort [...] La guerre marque toujours l’échec de la paix, elle est toujours une défaite pour l’humanité ».
C’est pourquoi, condamnant avec fermeté les violences infligées au peuple syrien et notamment l’usage d’armes chimiques, nous joignons nos voix aux dignitaires religieux de nos différentes confessions, et nous vous exhortons, ainsi que toute la communauté internationale « à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien. Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire. » (Pape François, 1er septembre 2013)
Nous vous adressons cet appel de Poitiers, ville qui fut le siège il y a treize siècles d’affrontements entre chrétiens et musulmans. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et les communautés cohabitent dans un dialogue respectueux des convictions religieuses de chacun.
Comme l’écrivait le Grand Mufti de Syrie au pape François le 7 septembre, nous souhaitons rester «  main dans la main, en répandant la paix et la sécurité pour tous les peuples du monde, afin de faire échec aux extrémistes et de vaincre les divisions basées sur la confession religieuse ou sur l’ethnie [...] ».
Nous savons que des croyants ainsi que des non-croyants sont extrêmement nombreux à partager notre conviction et auraient été prêts à signer cet appel à la négociation, mais faute de temps, nous n’avons pu les contacter. Se joignant au cri de ces hommes et de ces femmes à travers le monde, la Haut-Commissaire aux Nations-Unies, Navi Pillay a mis en garde, lundi 8 septembre à Genève, contre une possible action militaire en Syrie « sous peine de jeter de l’huile sur le feu d’une situation régionale déjà fragile ». « Le lancement d’une opération militaire et la poursuite de la livraison d’armes aux parties en conflit » ne faisant, selon elle, qu’aggraver la fragile situation au Proche-Orient.
En appelant à un réveil des consciences, nous, signataires de cet appel, fils d’Abraham de nationalités et de confessions différentes [chrétien syrien, musulmans syriens (sunnites et alaouite), catholique français], vous offrons ci-joint la prière pour la paix de St François d’Assise, trait d’union entre les croyants des différentes confessions ainsi qu’avec les non-croyants.
Nous vous assurons, Monsieur le Président, de notre prière pour la difficile mission qui est la vôtre.

Hamid Al Mahmoud
Maher Ayroud
Père Patrice Gourrier
Amir Mistrih, chrétien ?Soleiman Soleiman?
Copie : Sa Sainteté le Pape François ;  Ahmad Badreddin Hassoun, Grand Mufti de Syrie ; M. Alain Claeys, Maire de Poitiers ; Mgr Pascal Wintzer, Archevêque de Poitiers ;  Mgr Luigi Ventura, Nonce Apostolique.
Prière de st François

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette ta lumière.
Là où est la tristesse, que je mette ta joie.
Ô Seigneur, fais que je ne cherche pas tant
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant que l’on reçoit,
c’est en s’oubliant à soi-même que l’on trouve,
c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon,
et c’est en mourant que l’on ressuscite à l’éternelle vie.

 

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